La lettre du 10 octobre

Bonjour à toutes et à tous ☺, voici les dernières nouvelles de la ferme...

Brrr... Les températures ont bien chuté depuis la mi-septembre. A ciel ouvert comme dans les serres, le mûrissement des courges comme celui des tomates a subi un brutal coup d’arrêt. Un petit réchauffement est annoncé pour la semaine prochaine, mais durera-t-il ? Le plus grand suspense règne, comme chaque année, quant à la date et à l’intensité des premières gelées, toujours redoutables.

Celles des courges qui sont mûres sont en cours de récolte : plus d’inquiétude à leur sujet, elles seront à l’abri derrière les murs de la ferme. Seulement voilà, elles ne mûrissent qu’à ciel ouvert, attachées à leur pied et... déclarent forfait au moindre coup de gel, qui entraîne leur pourrissement ! Vincent tend le dos en espérant que ses belles frileuses auront la chance d’arriver à maturité sans encombre.

Préparons-nous à voir arriver dans les prochains temps plus de tomates vertes que de rouges... En les étalant sur de grands plats et en les laissant à température ambiante, loin de toute source de chaleur, on leur offre l’occasion de finir de mûrir tranquillement. On peut bien sûr aussi réaliser d’excellentes recettes à base de tomates vertes : nous en reparlerons...

Contrairement à l’an dernier, la récolte de pommes de terre de cette année donne le sourire. Les efforts pour améliorer l’irrigation ont été payants, malgré une petite baisse de régime due à un robinet défaillant : le temps de commander la pièce, ces dames ont eu soif... Beaucoup de temps et d’énergie ont par ailleurs été gagnés lors de cette récolte. Où est l’astuce ? L’arrachage mécanique, réalisé par une entreprise fiable (d’accord, ce n’est pas gratuit, mais le jeu en valait la chandelle), avec une machine qui entre profondément dans le sol et soulève les pommes de terre sans les couper. Et après... il n’y a plus qu’à (hum...) les trier, les ensacher et les empiler sur palettes, en attendant le jour bienheureux où Vincent pourra investir dans des chambres froides et entasser tous simplement nos chers tubercules dans des palox : le rêve !

Quant aux choux, ils offrent une réjouissante palette de saveurs, de couleurs et de textures. Après les feuilles de chou kale et les brocolis cet été, nous avons vu arriver en éclaireurs début septembre les choux rouges précoces (un essai : belle réussite), tout beaux, tout tendres et croquants... Les Romanesco et leur raffinement... Les choux-fleurs en bouquets serrés... Les choux blancs, si frais en salade... Et le roi des choux, le chou vert frisé de Milan, magnifique, à la saveur et au fondant incomparables... Vincent en est tout fier et tout heureux, malgré un couac dû à "l’oubli" de choux-fleurs à point pour être cueillis, et que nous avons donc eus en sur-maturité la semaine suivante (d’où la recette de purée envoyée dans la foulée...). Comme dirait Stéphane, notre arboriculteur fruitier, qui vit des expériences analogues de "non-écoute" de la part de sa vaillante équipe : "Ce qu’il y a de plus difficile, c’est de gérer l’humain... et pourtant je suis éleveur de vaches !"

Ceux d’entre vous qui comme moi aiment les poireaux vinaigrette seront enchantés d’apprendre que cette année les poireaux ne sont pas très gros... Les rutabagas non plus d’ailleurs (l’an prochain, Vincent les sèmera plutôt que de les planter : les jeunes plants souffrent trop en cas de canicule)... En revanche les navets jaunes (miam...) ont belle mine et les betteraves rouges agitent d’imposants plumets de feuilles au-dessus de savoureuses racines. Semés en mottes, roquette, plantain corne-de-cerf, pourpier d’hiver et épinards vont pouvoir lever avant d’être plantés sous serre. En pleins champs, des oignons jaunes, semés cet été, ont été repiqués : c’est un essai pour avoir des oignons plus tôt au printemps, avant que chénopodes, panics, amaranthes et autres redoutables concurrentes ne viennent les étouffer.

Pour contrer les prétentions hégémoniques de ces envahisseuses, une fois les récoltes effectuées, Vincent travaille ses champs en diagonale, d’abord dans un sens, puis dans l’autre, en croisant et en changeant la profondeur à laquelle plongent les lames : premier passage juste en-dessous de la surface, deuxième plus bas. C’est très efficace contre les chardons... Le meilleur moment pour dissuader les adventices vivaces, c’est dans des conditions météo bien sèches : elles s’efforcent alors de repousser en dépit des conditions défavorables et s’épuisent.

Autre moyen de lutte, l’occupation des sols par le fameux mélange maison de Vincent, à base de luzerne, de féveroles, de vesces, de pois fourrager, de sarrasin, de trèfle violet et de tournesol dont je vous avais parlé dans la lettre du 12 septembre. Une fois semé, il faut passer un lourd rouleau pour bien enfoncer les graines afin qu’elles ne souffrent pas de stress hydrique, et aussi qu’elles s’enracinent bien pour atteindre une belle hauteur. Les engrais verts, fauchés puis ensilés à l’état frais, rendront au sol l’azote utilisé par les légumes récoltés cette année. Fertilisants et nettoyants : la luzerne par exemple concurrence les racines des chardons, qui peuvent aller jusqu’à... 6 mètres ! Tandis que le trèfle violet repousse vulpin et rumex. Avant de semer ses engrais verts, Vincent avait dû faucher et broyer deux fois de suite la jungle de "mauvaises herbes" !

Cette semaine, avec une stagiaire, Vincent va remplir des boudins de graviers, qui serviront de poids ce printemps pour maintenir les voiles de forçage (18-20 kg, attention au dos quand il va falloir les traîner !), et aussi prochainement pour maintenir la bâche de la serre.

Ah, justement... Les vaillants Amapéens qui ont jusqu’à présent contribué au montage de la troisième serre ont encore un bel avenir devant eux (sans nul doute aidés par de nouvelles bonnes volontés qui ne demandent qu’à se manifester). Au menu des travaux :
• redresser les arceaux montés en mai-juin : les fortes pluies ont tassé le sol très meuble dans lequel ils avaient été montés et les ont fait bouger, ils doivent être remis dans l’alignement et fixés.
• fixer les amarres, et tâcher de faire rentrer dans le sol celles qui ne sont pas bien enfoncées.
• installer les barres de contreventement aux deux bouts de la future serre : côté ouest, face aux vents dominants, et côté est où se fait l’ouverture.
• pour finir, monter la bâche, ce qui exige un jour de temps calme...
Max nous concoctera certainement prochainement un de ces messages dont il a le secret, accompagné d’un Framadate où ceux qui le souhaiteront pourront s’inscrire pour mener à bien cette entreprise avant les premiers froids... A vos messageries !